L’identité
La question de l’identité est un sujet ardu, mélangeant des critères objectifs et subjectifs, permettant d’abondantes comparaisons, risquant de tourner à la répétition. Frege note ainsi que l’identité est indéterminable : Puisque toute définition est une identité, l’identité elle-même ne saurait être définie.
Introduit en 1694 dans le vaste ouvrage de Locke, auteur de la théorie moderne de la connaissance, le « traité de l'identité » a laissé une trace considérable du 18ème siècle à nos jours. C'est lui qui engage l'empirisme et la philosophie analytique anglo-saxonne dans une discussion sans cesse relancé sur les « critères de l'identité ».
E. Erikson a introduit le concept d'identité dans les sciences humaines, en 1950, avec son ouvrage (Enfance et société).
Lectures conseillées
Locke, Essai philosophique concernant l’entendement humain, trad. Coste, Paris, Vrin, 1983. Les références ultérieures à l’Essai seront présentées à l’aide des subdivisions en livre, chapitre, paragraphe.
L’identité, Que sais-je ? n° 2288, Alex Mucchielli
Identité personnelle et individuelle
Nous nous posons la question entre l’identité personnelle qui est notre identité réelle et l’identité individuelle qui est cette identité que l’on se fabrique, celle que l’on expose aux autres. Dans le concept de l’identité nous retrouvons des éléments forts, tels que ceux du temps et de l’espace, de la continuité. De même, nous remettons en cause certaines idées reçues, ainsi l’identité ne doit pas être réduite à l’identification, c'est-à-dire la projection de soi sur autrui, mais à un concept plus profond dénommer l’intentionnalité, notre aptitude à donner du sens aux événements. Nous devons nous poser certaines questions, tels : quels sont les référents identitaires ? Comment se développe l’identité par la réponse de l’acteur et la réponse de l’autre ? Nous retiendrons pour nos travaux les formes d’identité personnelle (ce que nous sommes réellement), affirmée (ce que nous montrons à autrui) et individuelle (union de ces deux identités dans la réponse à autrui).
Le concept de l’identité sera disséqué, et des notions importantes comme l’appartenance, la surprise, le devenir de l’événement, le sentiment d’identité, seront mis à jour. L’une des notions essentielles dans le concept de l’identité est étudié, il s’agit de la crise d’identité, une perte d’appartenance. Après avoir bien défini l’identité individuelle et sa représentation au niveau du groupe, nous mettons en avant l’identité organisationnelle, ensemble des perceptions des membres de l’organisation.
L’identité organisationnelle produit du sens aux acteurs de l’entreprise. Cette identité se compose de trois éléments : la structure, la stratégie et le management. Tout comme l’identité individuelle qui subit la crise d’identité, l’identité organisationnelle est marquée par la crise d’identité organisationnelle. Cette crise est le contrecoup des changements incessants de l’entreprise. La crise peut se définir à la fois comme une déconstruction du sens et une atteinte au sentiment d’identité. Lorsque les différences sont perçues comme des ruptures, alors s’ouvrent les crises d’identité.
Résilience organisationnelle Rebondir face aux turbulences :
Consultez les pages 33 à 34
Lectures conseillées
L’identité professionnelle
L'identité est un terme du langage courant. La définition du petit Larousse illustré explique : « Rapport que présentent entre eux deux ou plusieurs êtres ou choses qui ont une similitude parfaite. » D'un point de vue psychologique : « Identité sociale : sentiment ressenti par un individu d'appartenir à tel groupe social et qui le porte à adopter certains comportements spécifiques. »
Le mot est devenu un concept central dans les sciences humaines contemporaines. C'est Erikson qui le développa. Il mit en avant l'idée que, l'identité n’est pas figée. Il créa le terme de « crise d'identité » qui correspond, selon lui, à une période de tournant identitaire que l'on trouve, par exemple, lors de l'adolescence mais encore à tout autre moment de la vie de « l’homme » quand il rencontre des difficultés particulières.
D’autres approches existent à ce sujet, Dubar explique l'identité en se référant à la socialisation. Cette vision permet de saisir l'aspect dynamique des identités. Il explique notamment que « la socialisation est un processus d'identification, de construction d'identité, c'est-à-dire d’appartenance et de relation ». L’identité professionnelle est alors un processus complexe qui se construit mais évolue aussi tout au long de la vie.
Crise d'identité professionnelle
Il y a une crise manifeste des identités de métier : sous le coup des recompositions organisationnelles et de l'entrée en force de référents externes dans la vie interne des entreprises ou des administrations. Les métiers avaient une définition largement bouclée sur elle-même et négociée au sein des rapports de force internes aux entreprises. Or, tout à la fois la promotion d'organisations en réseau, et l'entrée en force de la sphère des clients-usagers et de l'opinion publique dans l'entreprise, la diffusion forte des « emplois » ou « professions » de relation de service poussent à la recherche d'appartenances ouvertes et évolutives. Ce n'est pas une disparition des appartenances de métiers, c'est plutôt leur recomposition dans des espaces pluri-professionnels et au sein de rapports sociaux plus complexes. Mais c'est une crise certaine de l'identité de métier. Et on ne sait pas encore réellement ce que peut vouloir dire, pour autant que cela ait une signification, une identité de réseau par exemple ou de relation de service. On commence à peine à savoir dire ce qu'est l'appartenance à un réseau et à comprendre les ressorts de la lutte pour une reconnaissance professionnelle dans les services. Toutefois, appartenance et identité sont des concepts très différents, sur le fond. Absolument rien ne permet de dire que le concept d'identité pourra trouver de nouvelles formes de pertinence théorique et d'adhésion sociale.
Dubar en reprenant les termes de Percheron (1974), explique l’identité en se référant à la socialisation. Cette vision permet elle aussi de saisir l’aspect dynamique des identités. Il explique notamment que « la socialisation est un processus d'identification, de construction d'identité, c'est à dire d’appartenance et de relation ». L’identité professionnelle est alors un processus complexe qui se construit mais aussi qui évolue tout au long de la vie. Ces phases d’évolutions peuvent être marquées par de véritables crises lors desquelles, les professionnels sont parasités par des conflits intrapersonnels. Ceux-ci les tiraillent, entre ce qu’ils veulent être et ce qu’ils sont réellement en fonction du lieu ou ils travaillent, entre identité affirmée et identité représentée.
L’interdisciplinarité suppose un dialogue et l’échange de connaissances, d’analyses, de méthodes entre deux ou plusieurs disciplines. Elle implique qu’il y ait des interactions et un enrichissement mutuel entre plusieurs spécialistes. Or l’identité professionnelle met en avant l’appartenance à une catégorie professionnelle qui possède ses propres langages, techniques, angles de vues seulement accessibles aux initiés. Imaginez alors la difficulté pour chacun des acteurs d’expliciter ce qu’il fait, ou la façon dont il envisage les choses pour telle ou telle situation. Associés ensemble, l’identité professionnelle et l’interdisciplinarité entraînerait alors une situation paradoxale. Cependant si la situation est au début paradoxale, elle peut se normaliser.
A ce niveau, la littérature apporte des éléments de réponses. En effet, Dubar en s’inspirant du discours de Parsons, explique qu’on ne peut communiquer que si l’on possède un minimum de code commun (ne serait-ce qu’un langage par gestes, interprétés de la même manière par chacun...) Cette norme commune ne peut découler selon Parsons, que d’une culture partagée impliquant « un système de valeurs qui sous tendent les normes orientant les acteurs ».
Lectures conseillées
Dubar C, La socialisation, Éditions Armand Collin, 2000
Identité organisationnelle
L’identité organisationnelle est définie comme l’ensemble des perceptions des membres de l’organisation des caractéristiques centrales, distinctives et stables de l’organisation. Au centre du schéma se trouve l’identité organisationnelle. Cette identité répond à la question « qui sommes-nous en tant qu’organisation ? » L’identité organisationnelle produit du sens. Elle est une construction de sens, une construction subjective et intersubjective des membres d’une organisation à propos de l’identité de cette organisation. L’identité organisationnelle est composée de trois parties qui sont : la structure, le management et la stratégie.
Crise d’identité individuelle
Halpern mit en avant l’idée que, l’identité n’est pas figée. Il créa le terme de « crise d’identité » qui correspond, selon lui, à une période de tournant identitaire que l’on trouve, par exemple, lors de l’adolescence mais encore à tout autre moment de la vie d'un homme quand il rencontre des difficultés particulières.
La crise d’identité est selon le sociologue Philippe Zarifian une situation de trouble individuel profond, qui marque une période de transition. Cette angoisse va nettement plus loin que la peur du chômage. Comme dans toute période de trouble ou de crise, l'important est de saisir et comprendre ce qui émerge en positif. Comment les individus tentent de se reconstruire et de ré-élaborer, avec leur individualité, une prise d'action sur les rapports sociaux. Mais ne semblent pouvoir l'opérer qu'au travers de fortes difficultés. Si on l'exprime d'abord en négatif, il y a deux crises ouvertes aujourd'hui : la crise des identités et la crise des institutions. Ces deux crises ont la même cause et convergent vers les mêmes effets.
La même cause : une large partie des formes institutionnelles et de leur rôle régulateur / dominateur est construite sur la délimitation et la gestion des identités. L'institution familiale classique en aura représenté probablement l'archétype. Mais l'univers professionnel est très largement structuré autour de formes institutionnelles qui entretiennent et reproduisent les identités et leur bouclage. L'institution, comme à la fois instance de médiation entre société et individu, forme constituée de socialisation et mode de domination rationnelle, non seulement légale, mais légitime. La crise des identités est-elle première et celle des institutions seconde, peu importe, elles s'enchaînent et se renforcent mutuellement.
Les mêmes effets : elles sont à l'origine du trouble social et de son expression au sein des individus sous la forme de trouble psychique. Et elles entraînent une conséquence très pratique : une perte durable de signification des instruments de catégorisation du social et de la manière qu'ont les individus d'y situer et enfermer leurs appartenances. Or ces instruments ne servaient pas qu'à assurer le gouvernement étatique des populations en terme de bio-pouvoir (au sens de Foucault), bien que cet usage reste toujours présent : les découpages catégoriels des mesures administratives et gouvernementales sont toujours utilisés, malgré l'avalanche d'études qui montrent leur manque de pertinence. Il importe surtout de voir que l'usage de ces instruments, massivement répandu et popularisé, avait des effets réels sur les comportements et ressentis identitaires. Un ouvrier est un ouvrier, un cadre est un cadre, ...La crise des identités est un phénomène aujourd'hui bien établi et qui affecte la quasi-totalité des formes identitaires. Nous pensons même qu'il s'agit d'une crise du concept d'identité, en tant que concept sociologique autant que comme référent collectif approprié dans le langage ordinaire, le concept d'une période révolue, même si, sans doute, l'histoire longue des sociétés humaines a déjà connu de telles périodes et que nous avons tendance, par ignorance historique, à ne pas voir les retours d'époques, qui, bien entendu, sans être identiques présentent des similitudes.
Crise d’identité organisationnelle
La composante comportementale
Le postulat de base des organisations est que l’on peu à la fois améliorer la satisfaction des travailleurs et augmenter leur rendement au travail.
Discipline scientifique qui étudie l ’impact des individus, des groupes et de l ’organisation sur le comportement des individus dans l ’organisation.
Le comportement organisationnel est une discipline relativement jeune qui a connu un essor considérable au cours des dernières décennies. Cette discipline a pour mission d’analyser et d’expliquer les comportements, les émotions et les processus cognitifs des individus, d’expliquer leur apparition, leur maintien ou leur disparition, ainsi que de découvrir la signification du comportement des organisations dans leur lutte pour devenir de plus en plus compétitives en vue d’assurer leur survie dans un environnement planétaire rempli d’incertitude.
Les entreprises subissent de multiples influences tant de l’intérieur que de l’extérieur.
Les influences internes comprennent essentiellement trois facteurs en interactions constantes : l’individu, les groupes et le système organisationnel.
L’entreprise est soumise à des influences externes. Ces influences comprennent les systèmes politiques et la législation, les centrales syndicales, la clientèle, la concurrence, les valeurs culturelles et la conjoncture économique.